Zaghouan

Zaghouan et l’eau ne font désormais qu’un. L’eau est tellement liée à la ville que l’on ne peut retracer l’histoire de Zaghouan sans relater l’histoire de l’eau.

Zaghouan

La ville avait dû attendre l’avènement d’une civilisation qui vénère l’eau et qui persévère à faire jaillir les sources, pour pouvoir se tailler une place dans l’histoire Universelle. Le mérite revient au Temple des Eaux (à la  forme circulaire) érigé sur une source d’eau au pied de la montagne de Zaghouan.

Il est fort probable que la déesse de l’eau  carthaginoise «  Astarte » elle-même y était puisqu’on  à découvert  des médailles portant l’effigie de l’empereur « septernus » côté pile alors qu’à l’autre revers de  la médaille, Astarte se tenait à cheval sur un lion trottant non loin d’une source d’eau qui jaillissait d’un rocher.

L’eau était aussi derrière l’apparition d’aqueducs : monument historique grandiose bâti par les romains pour acheminer l’eau à Carthage et dont la durée de construction n’était que de quelques 400 ans !

Les aqueducs subirent à plusieurs reprises des actes de vandalisme et furent même utilisés comme moyen de  pression sur les chefs militaires de Carthage pendant les guerres romano-carthaginoises et ce en les privant d’eau potable dans le but de leur faire courber l’échine.

Ensuite, les aqueducs furent entièrement saccagés lors des attaques répétées et des assauts barbares des Espagnols au cours du 16ème siècle.

Ce qui a incité Mohamed Bey de Tunis en 1859 à installer des canaux  en métal (conduites d’eau) afin de pourvoir les villes de Tunis du Bardo et de la Marsa de l’eau de Zaghouan.

Ceci est l’évidence même de l’importance de l’eau de Zaghouan. C’est grâce à cette eau que Zaghouan s’est illustrée au fil du temps à tel point que nul ne peut dissocier l’histoire de la ville de celle de l’eau.

Les habitants de Zaghouan ont certainement décelé ce lien et ont senti que la mémoire vivante de la ville devait sa fertilité au ruissellement de l’eau dans les artères de la ville et ont tout fait pour préserver cette richesse et sauvegarder ce trésor qu’ils considèrent désormais comme un véritable don du ciel que nul n’a le droit de gaspiller. Les habitants de Zaghouan ont lutté contre vents et marées surtout à l’époque des Beys et pendant l’occupation française de la Tunisie pour reprendre les sources d’eau de la région qui leur ont été confisquées par les autorités de l’époque.

Cette persévérance et cette bravoure ont porté leurs fruits et ont permis à Zaghouan de briller de mille lustres auxquels l’eau de Zaghouan a donné vie, devenant ainsi la ville-phare de l’eau.

L’églantine : culture, cueillette et distillation

L’églantine est une plante de la famille  des rosacées. C’est une plante assez délicate et coquette quoique l’on utilise dans les clôtures de jardins, près des ruisseaux et des cours d’eau, étant donné sa taille et ses branches épineuses.

Néanmoins, l’églantine exige un savoir- faire et de la patience puisque les plants demeurent sous terre pas moins d’une année entière avant d’éclore et de bourgeonner afin d’être replantés ailleurs.

Pour ce qui est de la cueillette des fleurs, le moment de la journée le plus propice est le dernier quart la nuit, juste avant qu’il ne fasse jour, car la chaleur du soleil agit négativement sur la fleur et par conséquent sur la qualité du produit   obtenu après distillation.

Les femmes chargées  de cette opération, assez expertes en la matière, peuvent facilement reconnaître les bons pétales de celle flétries par la chaleur du soleil.

La cueillette de l’églantine s’étale sur deux semaines au cours du mois de Mai, généralement entre le 5 et le 30 Mai.

Au départ, la cueillette progresse à un rythme ralenti vu les petites quantités obtenues. Mais, très vite, vers la fin de la première semaine, le rythme s’accélère et la cueillette atteint son apogée. Puis le compte à rebours commence et la protection baisse considérablement pour revenir  finalement au niveau constaté lors de la première journée.

La fleur de l’églantine est composée de cinq pétales blanches et d’un pistil jaunâtre exhalant une odeur fort agréable.        

Des liens historiques et des rapports étroits régissent les relations des habitants de Zaghouan avec l’églantine.

Par conséquent, les gens s’efforcent à cette époque de l’année de trouver les propriétaires de champs d’églantines .En vue de se réserver la quantité désirée selon le besoin de chacun sachant bien sûr qu’un kilogramme de fleurs de d’églantine équivaut à un litre d’eau d’églantine pure non mélangée à l’eau.

D’habitude, la fleur de l’églantine est distillée le jour même de sa cueillette quoique, parfois, il est possible de la garder au frais pendant deux ou trois jours tout au plus vu que c’est une fleur très coquette et très délicate.

La femme zaghounaise place les pétales dans une sorte d’alambic (distillateur composé de deux pièces) en ajoutant un peu d’eau pure, le tout sur un feu doux, ou un feu de charbon. De la partie supérieure de l’alambic émerge un tube à travers lequel la vapeur se liquéfie au contact de l’eau froide. Le liquide dégoutte ensuite dans une bouteille à la forme bombée et au goulot long et étroit (très connue en Tunisie sous le nom de « Fechka ». 

Il va sans dire que la température de l’eau doit être surveillée en permanence et changée dès qu’elle commence à s’échauffer.

Pour obtenir deux  litres d’eau d’églantine, l’opération de distillation peut durer de 3 à 4 heures, tout en gardant un œil vigilent quant à la température de l’eau qui doit rester assez basse tout au long de la distillation.

La bouteille qui contiendrait le liquide obtenu doit être sèche et propre : en effet, à la moindre gouttelette d’eau dans le récipient le produit tourne, se gâte et ne peut plus de ce fait être utilisé.

En ce qui concerne l’utilisation de l’eau de l’églantine, les domaines sont aussi variés que les doses on le mode d’emploi :

- Sous forme de boisson sucrée accompagnée de beignets, de biscuits ou d’autres gâteaux.

- Elle est présenté aussi dans les occasions heureuses, les fêtes et les cérémonies.

- Elle sert aussi à aromatiser les gâteau de spécialité zaghouanaise (tels que Kaâk El Warqa, la baklava, etc.)

- On l’ajoute aussi à la salade de fruits pour en  rehausser la saveur.

D’autre part, d’après les résultats obtenus et surtout suite à des expériences scientifiques effectuées, les habitants de Zaghouan croient fermement qu’un seul petit verre sucré d’eau d’églantine pris le matin active le cœur et facilite la circulation sanguine.

Le Festival de l’Eglantine de Zaghouan (Festival d’Ennesri)

Comme à chaque printemps, du 23 au 31 mai , Zaghouan parfumée , parée et très coquette s’apprête à célébrer dans la fierté et la joie « le Festival de l’Eglantine » une fête annuelle qui leur tient à cœur et qui a pris des dimensions nationales et internationales. Ce festival est riche et varié associant musique et chants, animation de la rue, activités culturelles et artistiques, galas etc…en plus des aspects économiques et commerciaux (souks), compétitions dotées de prix ,etc…

Ainsi, chaque année, dans une ambiance de fête et de liesse populaire, Zaghouan:

 « la Reine de l’Eglantine » se parfume, se dore, se pare et se prépare . Les rues sentant l’églantine et les habitants respirant la joie et le bonheur à l’approche d’un festival tant attendu, un festival qui est le leur, c’est le Festival de l’Eglantine.

Véritable festival économique et culturel, il brille dans toute sa splendeur d’autant plus qu’il dégage le parfum exquis de la fleur qui lui a prêté son nom : l’églantine dont les origines renvoient à l’époque romaine.

Ce festival s’est fixé les objectifs ambitieux suivants :

- Sauvegarder les traditions de la ville Zaghouan.

- Préserver l’environnement naturel et écologique de la ville.

- Perpétuer l’intérêt porté à l’églantine, véritable emblème de Zaghouan.

- Sauvegarder et promouvoir les parcs, jardins et espaces verts de Zaghouan.

- Respecter l’eau et la sauvegarder.

- Participer à la vie culturelle en organisant manifestations culturelles et 

sportives, meetings , colloques, expositions, etc …

De même, le festival de l’églantine de Zaghouan participe activement à dessiner les contours d’une perspective nouvelle des opportunités touristiques qu’offre la ville.

Les festivités débutent par un défilé régional gigantesque représentant les différents organismes de jeunes, les troupes d’animation et d’arts populaires, le carnaval. Ensuite advient l’ouverture des journées commerciales, les tables rondes et les colloques scientifiques.

A tout cela, s’ajoutent les galas artistiques et culturels, les tableaux merveilleux et uniques d’équitation et d’art équestre, les ateliers de travaux divers, l’étalage de spécimen de cuisine traditionnelle de Zaghouan et d’ailleurs.

 Il est inutile de rappeler que le festival de l’églantine a d’ores et déjà atteint la maturité, qu’il a accompli des succès certains et énormes quant à son orientation culturelle et économique, et aux objectifs très ambitieux qu’il œuvre d’arrache-pied à atteindre et jouer ainsi un rôle prépondérant dans l’entretien et la sauvegarde des us et traditions de Zaghouan : berceau de l’églantine.

Le festival œuvre aussi à préserver le milieu naturel et écologique de Zaghouan, la mise en valeur de ses jardins et l’entretien et la sauvegarde de l’églantine. De plus, il œuvre à faire respecter l’eau et la sauvegarde, et participe dans l’effort commun à l’animation culturelle de la ville en organisant meetings, rencontres, colloques et expositions diverses et variées.

Enfin, le festival de l’églantine de Zaghouan travaille aussi à instaurer les bases d’une nouvelles approche visant à promouvoir le tourisme dans la ville de Zaghouan considérée par les connaisseurs avertis comme étant les poumons par lesquels le grand Tunis et sa banlieue respirent.

 

 

Source : www.commune-zaghouan.gov.tn