Pré-ouverture des journées théâtrales de Carthage : L´Escale 32 fait le bonheur des habitants de Matmata

Le coup d’envoi du programme régional de la 17ème édition des Journées Théâtrales de Carthage a été donné hier à Matmata avec la représentation de la pièce L’escale 32, une coproduction entre Kun Production et Teatro dell’Argine, en collaboration avec les JTC.
 

Pré-ouverture des journées théâtrales de Carthage : L´Escale 32 fait le bonheur des habitants de Matmata

Mise en scène par Moez Mrabet et Andréa Paolucci, d’après un texte de Ridha Boukadida et Nicola Bonazzi, une dramaturgie de Ridha Boukadida et interprétée par une pléiade de comédiens tunisiens et italiens, L’Escale 32 est le résultat d’une expérience singulière de dialogue et de complémentarité entre des intellectuels et artistes des deux bords de la Mare Nostrum.

Inédite, elle l’est à plus d’un titre, car elle démontre d’une manière éclatante que le théâtre ne doit jamais descendre à la foule comme l’a si bien dit Meyerhold, mais c’est la foule qui doit toujours monter au théâtre. A Matmata, Les créateurs de cette pièce et à travers eux les responsables des JTC, n’ont pas sacrifié la dimension esthétique propre au théâtre pour plaire au public, mais ont invité ce dernier à prendre part au jeu théâtral au sens propre du mot, dans une sorte de voyage initiatique dont les références sont puisées dans les œuvres de Dante et de El Maarri.

La pièce a évolué dans une atmosphère de clair/obscur, à travers tous les éléments de la maison troglodyte dont les chambres et les différentes cours ont été transformées en lieux et d’étapes de la quête de la vérité et de soi.

Le public, composé de jeunes et de moins jeunes, s’est trouvé malgré lui acteur, complice et témoin du duel de la genèse entre Abel et Caïn, transposé à travers cette pièce sur la réalité humaine d’aujourd’hui.

L’Escale 32 est un subtile mais douloureux questionnement de l’humain, constamment piégé par sa cupidité, par sa violence, par ses rêves et aspirations démesurés, pour se trouver encore et toujours victime de son désarroi et de sa propre perte.

Les créateurs d’Escale 32, ont embarqué le public, dans un voyage intemporel en lui déroulant les images de la réalité du monde sans fard, ni manipulation en l’invitant rechercher lui-même la vérité, à travers des codes et des symboles qui constituent la clé de l’énigme qui n’est autre que la vie. Les personnages sont des damnés perdus au cœur du purgatoire entre ciel et terre, à la recherche de la voie susceptible qui les aidera à évacuer leur mal et leur angoisse, à travers six tableaux et trente-deux étapes qui sont loin d’être les dernières.

Lassad Jammoussi : L’escale 32 est l’aboutissement d’un travail initié dans un esprit de justice et d’équité culturelle entre les Tunisiens quelle que leur région et qui cherche à réhabiliter le théâtre dans sa fonction première de facteur d’épanouissement, de progrès et d’ouverture sur le monde et dans une vision stratégique de la décentralisation.