En photos : Les journées Musicales de Carthage : Journée 1

Les JMC, ce ne sont pas uniquement les spectacles et les festivités, mais ce sont aussi les rencontres artistiques, les formations et les échanges professionnels. Cette année encore, les One&One meetings se poursuivent à travers du coaching artistique qui s’adresse aux musiciens, professionnels reconnus et médiatisés ou aux jeunes talents désireux d’être accompagnés tout au long de leurs cheminements artistiques.

En photos : Les journées Musicales de Carthage : Journée 1

 

Etalés sur 3 jours, les One&One meetings ont lieu à l’auditorium de l’IFT (Institut Français de Tunisie) de 10h00 à 13h00.

Et pour leur première journée, Imed Alibi, musicien et coordinateur de la formation, a choisi de commencer par l’invitation des formateurs : Salim Mokaddem, professeur agrégé de philosophie et expert international en matière d’éducation, de culture, de formations professionnelles, et d’ingénierie éducative, et Florian Oliveres, directeur du festival Détours du Monde en Lozère. Les deux ont partagé leurs expériences relatives aux festivals, aux formations, et autres coopératives possibles. « L’idée étant de donner une idée au public artistique tunisien sur l’importance des musiques du monde et des festivals sur l’économie d’un pays. » Explique Imed Alibi.

Cette première initiation a été suivie par des artistes et des activistes artistiques venus poser leurs questions aux experts. Une formation en management est prévue pour lundi 10 avril de 10h00 à 13h00 et qui est adressée aux managers, aux directeurs de structures et d’associations. La matinée suivante sera, quant à elle, consacrée au coaching artistique.

 

«NOTRE UNIVERS» DE BÉCHIR LAKKANI

Le droit des enfants par des enfants

Les Journées musicales de Carthage, dans leur quatrième édition, ont pensé aux enfants et bien pensé en leur proposant le spectacle de Béchir Lakkani «Notre univers». Cet univers, composé de plusieurs tableaux, a permis de montrer, de manière très artistique et émotionnelle, que les titis tunisiens, mais également du monde, ont des droits que nous adultes, anciens gamins, devons respecter.

Mieux qu’un discours politique, «Notre univers» a été magnifiquement porté par une quarantaine d’enfants, âgés de 3 ans et demi à 14 ans, qui ont mis tout leur cœur et toute leur âme à défendre, par leur présence scénique et leur jeu, leurs droits et les droits de leurs semblables. Droits les plus primaires auxquels certains pour ne pas écrire beaucoup n’ont pas un simple accès : droit à s’amuser, droit à l’enseignement, droit à grandir dans la paix et la dignité, droit tout simplement de vivre et non de survivre.

Le spectacle musical a montré deux poids, deux mesures : les enfants ne sont pas égaux car on ne les rend pas égaux. Ils subissent ce que les adultes veulent leur faire subir, comme avec cette représentation d’un jeu d’échec symbolique de bataille et de guerre, dont seules les personnes faibles, et principalement les enfants, sont mis en échec et mat.

«Notre univers» est l’univers de tous, petits et grands, car nous aussi avons été des enfants. Et ce spectacle, de part sa mise en scène, sa scénographie et le jeu, nous le rappelle grandiosement !

 

Concert de N3rdistan sur l’Avenue Habib Bourguiba (concert off)

Malgré la pluie et le ciel gris, le publique était au rendez-vous ! En un peu plus d'une heure, le groupe charismatique de N3rdistan aura mis le feu à un publique varié en âge et en style. Après le discours de lancement, d'une trentaine de personnes la scène s'est remplie pour atteindre les centaines avant même la fin de la deuxième chanson, conquis par un concert de folie et une ambiance chaleureuse. Un concert varié, allant de l'interprétation nouvelle de styles maghrébins anciens, à du rock, à un mélange de dub et de mélodies orientales. Entre l'incroyable maîtrise des instruments joués par le groupe, à la voix puissante et fédératrice du chanteur, la profondeur des paroles et les visuels géniaux, le publique tunisien s'est retrouvé rapidement transporté dans l'univers si particulier de ce groupe marocain.
Après une dizaine de chansons (dont 2 qui ont été répétées tout de suite après leur passage de part leur popularité) c'est un publique tunisien conquis qui repart de cette superbe performance ...

 

«DYSLEXIE» DE MAHMOUD TURKI (compétition officielle)

Détachement entre l’artiste et le public

Le coup d’envoi de la première soirée de la compétition officielle de la quatrième édition des Journées musicales de Carthage a été donné par le concert «Dyslexie» de Mahmoud Turki. «Dyslexie», un titre approprié pour cette première partie de soirée où l’artiste, accompagné de ses musiciens, a cherché à se désunir des spectateurs pour montrer le détachement entre l’artiste et le public, mettant presque à l’index ce dernier, qui, pour le chanteur, n’arrive plus à adhérer et à s’ouvrir à certaines musiques.

Mahmoud Turki a baladé les personnes présentes sur des rythmes de ballades aux sons, entre autres, du nay, du gombri et de l’oud, donnant des sonorités provoquant une certaine confusion au sein du public, qui en devient presque dyslexique.

Dyslexie aussi entre la musique et les paroles, un embrouillement que le public a essayé de démêler pour mieux y accéder. Peine perdue pour certains qui n’ont pas eu accès à l’expérimentation de Mahmoud Turki en matière musicale. C’est tout un apprentissage pour assembler ce qui ne semble pas assemblables…

 

«HELWESS» DE NOUR HARKATI ET DU COLLECTIF «AYTMA» (competition officielle)

En tunisien dans le texte…

Deuxième partie de la première soirée de la compétition officielle des JMC, «Helwess», projet entre Nour Harkati et le collectif «Aytma», était empli de poétique mais en tunisien dans le texte, au grand dam des invités étrangers qui n’ont pu capter toute l’essence des mots et les maux qu’ils essayent de mettre en avant pour une probable guérison ; une sorte de stambali par des vocables exorcistes oubliant le côté musico-thérapeutique de ce rite de possession.

Car point de stambali mais des rythmes qui s’approchent du feng shui, ce vent et cette eau qui doit permettre à l’esprit d’atteindre le spirituel et le mysticisme en harmonisant l'énergie environnementale.

Vers la fin de leur prestation, Nour Harkati et le collectif «Aytma» se sont perdus en chemin. Délaissant les rythmes lents, tels les eaux calmes d’un long fleuve tranquille, de leurs précédents morceaux, ils ont interprété «Tarik dhay3», donnant plus de rythmique à leurs instruments. Un petit coup de fouet pour réveiller le public navigant entre un état terrestre et un état éthéré ? Toujours est-il qu’avec ce dernier titre, ils semblent avoir trouvé leur vrai chemin…

crédit photo: Wiem Ben Amor Amira Barhoumi Eya Zgolli Refka Najjar Hela Snoussi Mouna lidhieb Ines Rezgui Elyes Aouinet