Les 10 recommandations de Zoubeïr Mouhli pour redorer la Médina de Tunis

Pour Zoubeïr Mouhli, la Médina de Tunis est un vecteur de ressourcement identitaire.

Les 10 recommandations de Zoubeïr Mouhli pour redorer la Médina de Tunis

Malgré tous les efforts déployés pour la sauvegarder, il faudrait encore selon le Directeur général de l'Association de Sauvegarde de la Médina (ASM) de Tunis:

1- Développer une culture architecturale émergente qui se caractérise par une gestion subtile de la présence matérielle du passé.

2- Encourager une préservation de l’esprit des édifices dont les fonctions d’origine ont disparu, ainsi qu'une réécriture sensible des édifices historiques qui leur permet d’exister dans le présent, sans en faire des objets-fétiches et ce, afin de lutter contre l’homogénéisation croissante de la vie urbaine.

3- Classer et protéger plus d’édifices historiques et ne pas se limiter aux seuls monuments appartenant à l’Etat. Ceci, afin d’empêcher leur acquisition par des spéculateurs dans l’unique but est de les dépouiller de leurs éléments décoratifs.

4- Octroyer des avantages fiscaux et financiers aux opérations d’acquisition de biens à valeur patrimoniale visant leur restauration et affectation à des fonctions culturelles ou touristiques, dans le cadre d'une stratégie adéquate de sauvetage des monuments encore existants.

5- Compléter les textes d’application manquants afin de clarifier les différentes procédures de création, d’élaboration et d’application des PSMV (Commission locale et nationale, droit de visite obligatoire pour les chargés d’études, etc.), en insistant surtout sur la décentralisation dans le cadre d’un partenariat entre les institutions concernées et de prévoir des mécanismes de financement de ces plans.

6- Doter les zones dégradées des infrastructures nécessaires, construire sur les terrains en friche et réhabiliter ou restaurer les logements existants en mauvais état. Les quartiers historiques ainsi que des complexes à forte valeur patrimoniale tels les anciens abattoirs de Bab Alioua pourraient abriter des projets d’aménagement créatifs – du logement durable, des pépinières d’entreprises numériques, des institutions universitaires, des pôles culturels – conçus et réalisés dans l’optique d’intégrer les technologies environnementales les plus performantes. De telles réalisations, génératrices d’emplois et respectueuses du patrimoine bâti, donneraient à Tunis une image publique forte et valorisante.

7- Poursuivre les efforts menés depuis trois décennies pour réduire le taux de mal-logement dans les quartiers historiques.

8- Réaliser des projets ponctuels, à fort impact visuel, représentant une solution intermédiaire convenable aux problèmes de gestion du caractère urbain. La restauration des sabats (passages couverts) de la Médina, une opération déjà en cours, reste une priorité. D’autres interventions dans la Médina centrale et les deux faubourgs, à l’instar du projet de réaménagement qui a redonné leur éclat aux rues allant de la Zitouna à Sidi Ibrahim Erriahi, sont urgentes. Le réaménagement de nombreuses placettes, avec de nouvelles plantations, un éclairage public plus créatif et un dallage rénové, renforcerait, lui aussi, l’attractivité de la Médina.

9- Inciter à l’utilisation de l’eau des puits pour le nettoiement des rues et des édifices publics afin de remédier, au moins partiellement, à la forte remontée du niveau de la nappe phréatique créant ainsi une augmentation du taux d’humidité dans les sols et les murs des vieilles constructions entraînant désordres structurels et dégâts divers au niveau des enduits.

10- Réorienter les activités économiques en Médina par une réglementation plus forte à définir. Assurer la survie des souks spécialisés restants et encourager l’essor de nouveaux métiers artisanaux, et éviter que des quartiers entiers ne se vident de leurs habitants au profit des activités tertiaires. Une telle transformation marquerait une rupture avec le caractère d’origine de la vieille ville, basé comme il est sur le respect des zones destinées au commerce et à l’artisanat et des zones plutôt résidentielles.