Une lettre pour la Tunisie de la part de l'artiste canadienne Janick Ericksen

Suite à sa participation au Festival International des Arts Plastiques de Monastir, l’artiste plasticienne canadienne Janick Ericksen a écrit un beau récit résumant sa visite et évoquant son appréciation pour son séjour en Tunisie.

Une lettre pour la Tunisie de la part de l'artiste canadienne Janick Ericksen

Née en Outaouais, Janick Ericksen, vit maintenant dans la grande région de Montréal (Québec, Canada) où elle exerce son art. Autodidacte, elle adopte la peinture comme façon de vivre. Tout ce qui la touche est source d’inspiration. Son travail s’est rapidement fait remarquer, ce qui lui a permis de participer à divers projets et expositions d’envergures et de se voir attribuer plusieurs prix et récompenses.

Récemment, Janick Ericksen s’est rendue en Tunisie dans le cadre de sa participation au Festival International des Arts Plastiques de Monastir qui s’est tenu du 4 au 16 septembre 2017.

En marge du festival, l’artiste a pu faire le tour de la Tunisie grâce aux excursions et visites guidées organisées par le comité organisateur du festival.

Tombée sous le charme de la Tunisie, l’artiste canadienne a exprimé son envoutement comme suit :

"Comme vous avez pu voir avec toutes les photos que j’ai publiées sur mon journal, je reviens d’un séjour en Tunisie.

Je sens le besoin de vous partager beaucoup plus que de belles photos, je désire vous partager mon amour pour ce pays dont nous avons généralement une image faussée en Amérique du Nord.

Je suis allée en Tunisie, précisément à Monastir, pour y participer à un festival international d’arts regroupant des artistes d’un peu partout dans le monde.

Il y avait déjà plusieurs années que je remettais ce voyage par crainte de toutes sortes et sans parler des attentats survenus au Musée Bardo, ou celui sur la plage…Et étant une femme, à quoi m’attendre de ce pays du monde arabe...

Beaucoup de mes amis étaient inquiets de me voir partir en Tunisie. Certains auraient même voulu m’accompagner mais n’osaient pas.

Durant ce festival qui se tenait du 4 au 16 septembre 2017, nous avons eu le privilège d’avoir un programme de visites de plusieurs endroits dans la Tunisie, nous avons pu visiter plusieurs villes, des maisons Troglodytes, des mosquées, des ruines, le désert, la mer, des Musées dont Le Bardo (musée connu à travers le monde), Sadi Bou Said, une île presque déserte, des médinas etc…

Nous avons vu de la mer au désert! Et je vous jure que jamais, au grand jamais je n’ai ressenti une menace, des regards méprisants du fait que je suis une femme s’habillant de façon nord-américaine. Je me suis baignée en bikini, ou même toute habillée…j’étais libre d’être qui je suis complètement sans me sentir jugée de ne pas être couverte.

J’ai vu des gens danser un peu partout, des hommes, des femmes s’exprimer sur leur musique entraînante.

J’ai vu des jeunes filles et des femmes de divers physiques être très à l’aise avec leur corps sans se casser la tête pour correspondre à l’image de la femme (très longue et mince, sans aucun défaut, toute parfaitement coiffée et épilée) véhiculée de façon abusive dans la société d’où je viens.

J’ai vu énormément d’hommes Tunisien prendre soin de leurs bébés naissants et de leurs enfants plus âgés autant fille que garçon.

J’ai pu assister à des discussions entre mari et femme ou chacun avait droit de parole et à son point de vue.

J’ai aussi vu le temps prendre son temps…le temps d’être en famille, de partager avec nos enfants sans intermédiaire de média sociaux.

J’ai vu des adultes s’arrêter pour faire des remontrances à des jeunes semblant vouloir mal agir, je sais que dans la société où je vis cela n’est plus accepté qu’un adulte reprenne un enfant en faute lorsque ce n’est pas le sien au risque de voir la police débarquer chez-lui. Il faut un village pour élever un enfant dit-on!

Oui, j’ai aussi vu une autre culture au niveau du traitement des poubelles, oui c’est vrai il y a des détritus parterre, il y a une partie d’éducation qui semble vouloir s’installer et c’est tant mieux. Mais mon regard sur la Tunisie a dépassé la première impression des détritus au sol et s’est posé plus en profondeur.

J’ai vu de la belle architecture, des textures, de la matière, de la lumière et un peuple gentil, ouvert à l’autre et qui possède encore un grand sens du respect et de bonnes valeurs.

Rien n’est parfait, que ce soit en Tunisie ou ailleurs, mais je réalise que l’image véhiculée de la Tunisie n’a rien à voir avec ce que moi j’y ai vécu.

Et pour l’avoir eu la chance de côtoyer des gens de religion musulmane, je peux vous dire que nous étions tous de la même famille, assis autour d’une même table à vivre de bons moments de complicité ensemble et parfois autour d'un verre...

Si il existait plus de ce genre de regroupement entre artistes des quatres coins du monde…la vie sur terre en serait grandement améliorée et beaucoup plus harmonieuse.

je sais ...je sais...c'est long lire un texte sans image...mais c'est la vie!

Janick Ericksen

Québec, Canada"