Le Mjarrad ou la musique traditionnelle de Sidi Bou Said ce vendredi à Musiqat

Al-Manga serait synonyme de al-Dokkana, surélévation en dur qu’on trouve dans les zawiyas et ou dans les hammams et utilisée pour s’assoir, ou se reposer. Les interprètes  de la musique de la confrérie al issawiyya parlent de jalsat al manga, « la séance d’al-Manga », pour se référer à la séance consacrée au chant dit Mjarrad.

Le Mjarrad ou la musique traditionnelle de Sidi Bou Said ce vendredi à Musiqat

La confrérie issawiyya, initiée par Cheikh Muḥammad ibn Īssa de Meknes (Maroc), est connue pour ses litanies qui aboutissent à des rites de transes où le disciple devient insensible à la douleur. Dans la tradition de Tunis et de ses environs, les litanies de la issawiyya commencent par une section purement vocale avant d’entamer le amal, section accompagnée d’instruments de percussions, pour passer ensuite aux rites de transes. C’est la première partie des litanies qui a pris le nom de Mjarrad – littéralement « dépouillé » des instruments de musique –; le chant est alors accompagné seulement par le battement des mains, reproduisant un seul cycle rythmique à cinq temps.

La particularité de la isawiyya de Sidi Bou Saïd est qu’elle s’est spécialisée dans l’interprétation du Mjarrad avec ses différents textes et mélodies. Elle entretient une tradition bien ancrée dans le paysage sonore de Sidi Bou Saïd à tel point qu’une partie des recherches du Baron d’Erlanger et de son équipe de travail s’est focalisée sur le Mjarrad. Nous retrouvons en effet dans les archives du Baron des transcriptions de Mjarrad qui datent de 1919, réalisées par le cheikh Ahmed al-Wafi.

Fruit d’un travail artistique et musicologique, ce concert, dont la réalisation a été confié à l’ensemble de la  issawiyya de Sidi Bou Saïd, est  parti d’une  comparaison entre le répertoire parvenu à travers  la transmission orale  et celui consigné par écrit par le Cheikh Ahmed al-Wafi au début du XXe s. afin de  faire revivre certains chants omis par la tradition orale ; le but ultime étant  de promouvoir, à travers une interprétation que nous voulons « exceptionnelle »,  une tradition musicale locale, de la consolider et de la faire connaître à l’échelle nationale et internationale.