A la mémoire du palais Ksar Saïd

La somptueuse demeure "Ksar Saïd" est désormais accessible au public. C'est une perle méconnue du patrimoine national et universel.

A la mémoire du palais Ksar Saïd

Le Bey Mohamed Sadok avait pris soin d’aménager et décorer cette prestigieuse résidence, qui se trouve à quelques encablures du Palais du Bardo abritant aujourd’hui l’Assemblée des représentant du peuple. 

Le site abrite actuellement une panoplie unique au monde de documents historiques et de collections de tableaux artistiques de l’époque beylicale, ainsi qu’une exposition sous forme de retour sur les relations diplomatiques de la Tunisie du 18ème et 19ème siècles, et son ouverture sur les différents pays du pourtour méditerranéen.

L'édifice, qui est initialement la résidence préférée d'Ismaïl Es-Sounni, haut dignitaire de la dynastie husseinite, est aussi connu pour avoir abrité la signature du traité du 12 mai 1881, plus connu sous le nom de traité du Bardo, qui marque le début du protectorat français, imposé à Sadok Bey. En nous accueillant jeudi, la directrice du Palais, Wajida Sakouhi, nous apprend notamment qu’en 1951, Lamine Bey fait de « Ksar Saïd » le siège d'un centre hospitalier qui porte son nom, avant qu'il ne soit rebaptisé Hôpital Aboulkacem Chebbi en 1957.

Un sacrilège architectural et historique que les néophytes peinent à croire lorsque l’on constate aujourd’hui l’impeccable réaménagement de l’endroit qui lui a rendu ses lettres de noblesse. Ce n’est que durant les années 80 et la construction de l’hôpital Mahmoud Matri dans l’Ariana que les autorités envisagent d’installer à Ksar Saïd un musée d'histoire moderne et contemporaine de la Tunisie, sans que le projet n’aboutisse.

Et ce n’est finalement qu’en 2016 qu’une exposition intitulée « L'Éveil d'une nation », consacrée à l'époque de réformes engagées par la Tunisie entre 1830 et 1881, y est organisée. En mars 2019, après des travaux de restauration financés par la Fondation Rambourg, le palais est rebaptisé « Ksar Saïd, Palais des Lettres et des Arts », inauguré par le chef du gouvernement Youssef Chahed et rouvert au public.

Rappelons que la Tunisie comprend près de 30 mille sites historiques, dont 6% seulement sont exploités.