Des oeuvres étrusques extraordinaires trouvées à Carthage bientôt exposées au musée du Bardo

Dès la fin du 19ème siècle, les fouilles archéologiques ont révélé la présence d'oeuvres étrusques sur le site de Carthage. Certaines de ces trouvailles étrusques sont exceptionnelles et seront prochainement visibles dans la nouvelle collection du Musée national du Bardo.

Des oeuvres étrusques extraordinaires trouvées à Carthage bientôt exposées au musée du Bardo

 C'est ce qu'a annoncé à l'agence TAP, le professeur Jean Gran-Aymerich, directeur de recherches au centre national de la recherche scientifique de Paris (CNRS).

Confirmant sa visite du 5 au 12 février 2012 en Tunisie, le professeur Aymerich, ancien chargé de mission au musée du Louvre a indiqué qu'il prendra part, le jeudi 9 février à l'Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) aux travaux de la Journée d'étude sur "L'archéologie et le tourisme en Méditerranée: 19 et 20èmes siècles".

Il donnera également une conférence le samedi 11 février à la Librairie Fahrenheit 451 à Carthage, intitulée "Carthage et les étrusques en Méditerranée: un premier partenariat nord-sud".

A ce sujet, l'archéologue a précisé que "les chantiers archéologiques de Carthage, mais aussi de Marseille et de Malaga ou de nombreux autres en Méditerranée occidentale révèlent la richesse et la complexité des entreprises maritimes, diplomatiques, commerciales et militaires du temps des trois premiers pouvoirs maritimes (thalassocraties) définis par les historiens anciens: navigateurs grecs, phéniciens (puniques) et étrusques".

Il a, dans ce sens, signalé que "des enquêtes en cours confirment leurs liens étroits et offrent la possibilité d'identifier l'existence des premiers fondouks ou consulats de la mer" rappelant que "les sources historiques, épigraphiques et archéologiques manifestent le rôle prépondérant de l'alliance entre des villes étrusques maritimes comme Caeré (l'actuelle Cerveteri) et Carthage.

Ayant dirigé plusieurs programmes de fouilles en France, Espagne et Italie, le professeur Aymerich, auteur de plusieurs ouvrages articles et interventions sur les étrusques, les phéniciens et les puniques et leurs relations avec les cultures protohistoriques de la péninsule ibérique et du monde celtique, avait, lors d'une visite en novembre 2009 en Tunisie, annoncé à l'agence TAP qu'en ce qui concerne les objets étrusques de Carthage, trois découvertes essentielles, voire exceptionnelles confirment la présence notamment en Afrique du Nord d'offrandes étrusques dans des sanctuaires. Ce sont des témoignages épigraphiques étrusques exceptionnels trouvés en dehors de l'Italie.

La première découverte concerne le premier plus ancien passeport connu d'un carthaginois voyageant en Italie et en Etrurie. Il s'agit d'une "tessera hospitalis" en ivoire bronze, jeton d'hospitalité, signe d'identité qui remonte au VIe siècle avant notre ère.

Les deux autres découvertes consistent en un petit monument funéraire d'un étrusque décédé et enseveli à Carthage et en une figurine de bronze à Dar-Seniat, près de Sidi Bou Saïd et qui représente l'offrande d'une dame étrusque de haut rang dans un sanctuaire de divinité féminine dans ce qu'il faut situer près du lieu de découverte.

Après plus de deux millénaires depuis leur passage à Carthage, les étrusques continuent de faire parler d'eux. Très peu connu, ce peuple de "la mer tyrrhénienne, berceau de la marine étrusque et romaine", ami et les alliés de Carthage, a eu un apport dans l'élaboration de la civilisation méditerranéenne. De ces riches relations, il ne reste que quelques empreintes archéologiques.

En effet, plusieurs centaines de vases étrusques connus par "Bucchero" ont été jusqu'ici identifiés, qu'il s'agisse de vases complets recueillis dans les tombes de Carthage, datés du VII au IV siècle avant notre ère, ou encore parmi les fragments livrés par les fouilles de la cité et dont, sans doute, des investigations approfondies livreront encore des découvertes inattendues, sur ce peuple de la différence, dont la langue demeure indéchiffrable malgré le prestige des signes et de l'écriture -de droite à gauche-, et qui représentent toujours une énigme.