La Tunisie valorise ses produits du terroir avec le projet PAMPAT, une initiative emblématique menée par Lamia Thabet pour redonner aux richesses locales leurs lettres de noblesse.
La Tunisie valorise ses produits du terroir avec le projet PAMPAT, une initiative emblématique menée par Lamia Thabet pour redonner aux richesses locales leurs lettres de noblesse.
À travers une approche intégrée qui relie gastronomie, artisanat, tourisme et durabilité, le programme place les produits tunisiens au cœur du développement économique et culturel des régions.
Le Projet PAMPAT (Projet d’Accès au Marché pour les Produits Agroalimentaires et de Terroir), financé par la Coopération suisse depuis 2013, a permis de réaliser un inventaire de plus de 220 produits du terroir. « L’objectif est de valoriser ces produits, d’améliorer leur positionnement sur les marchés nationaux et internationaux, et de créer une dynamique économique dans les régions », explique Lamia Thabet, coordinatrice du projet.
Parmi les exemples emblématiques de réussite figure la figue de Djebba, longtemps considérée comme un fruit marginal. Grâce au travail du projet, elle bénéficie aujourd’hui d’une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) et s’impose comme un produit phare du patrimoine tunisien. « Personne ne connaissait Djebba il y a dix ans. C’est une petite localité de montagne entre Téboursouk et Tibar, un véritable écrin naturel où pousse la variété ‘Bohouli’, unique au monde », souligne-t-elle.
Autre réussite majeure : la harissa de Nabeul, désormais inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Ce produit, symbole de la cuisine tunisienne, fait l’objet d’un festival annuel célébrant les femmes artisanes qui perpétuent ce savoir-faire ancestral. « C’est une reconnaissance pour toutes celles et ceux qui ont transmis la harissa de génération en génération, et pour la Tunisie tout entière », confie Lamia Thabet avec émotion.
Le projet PAMPAT s’intéresse aussi à d’autres filières à fort potentiel : la grenade de Testour et de Gabès, la rose de Zaghouan, ou encore les dattes tunisiennes, dont les dérivés (poudre, sirop, pâte) ouvrent de nouvelles perspectives pour l’industrie agroalimentaire et cosmétique. Cette approche, centrée sur la chaîne de valeur, vise à transformer ces produits en véritables opportunités économiques durables.
Lamia Thabet insiste : « Notre mission ne se limite pas à la transformation. Nous accompagnons les producteurs pour les aider à obtenir les certifications nécessaires, à participer à des salons internationaux, et à créer des circuits touristiques thématiques autour de leurs produits. L’idée, c’est de faire du terroir tunisien une expérience à vivre toute l’année. »
Cette synergie entre agriculture, tourisme et culture séduit déjà les hôtels et chefs tunisiens. L’un des exemples les plus marquants est celui de l’hôtel The Residence Tunis, récompensé lors de la cérémonie Africa’s Best 2025 à Marrakech. Son chef Wafik Belaïd y a présenté une bûche de Noël aux arômes de géranium et de datte, illustrant comment la haute gastronomie peut sublimer les produits du terroir.
L’ambition du PAMPAT dépasse la simple mise en marché : il s’agit de construire une nouvelle identité économique et culturelle pour les régions tunisiennes. « Nous voulons que chaque produit raconte son territoire et fasse découvrir la Tunisie autrement, à travers ses goûts, ses senteurs et ses traditions », conclut Lamia Thabet. Une vision où le goût devient un vecteur de développement, et où le terroir tunisien se transforme en une fierté partagée.