Chaque année, le 14 mai, les habitants du Kef célèbrent Aïd Miyo, une coutume marquant le passage du printemps à l’été. Une nuit magique, où l’on va puiser de l’eau pure à Aïn Sidi Mansour avant l’aube. Cette eau, précieusement conservée, est utilisée pour laver le visage des jeunes filles en quête d’éclat et de bénédiction. Celles qui n’ont pas accès à cette source y placent une pièce d’or dans un récipient d’eau laissé sous les étoiles. Le matin venu, elles murmurent : « Que mon visage brille comme l’argent, que celui qui me voit en perde la tête ».
Les femmes préparent leurs rituels de beauté : khôl, siwak, accessoires traditionnels… Tandis que les hommes coiffent leurs cheveux sept fois, selon la coutume. En mai, on suspend le filage de la laine pour éviter les malchances. À cette occasion, le fiancé offre à sa promise un présent symbolique. Ce sont là autant de gestes qui rappellent la richesse de notre patrimoine immatériel.
Mais ce qui unit les cœurs et les tables, c’est sans doute le borzguène, plat emblématique du Kef. Ce couscous sucré-salé, à base de viande d’agneau, de fruits secs, de beurre fondu et de lait de brebis, est un hymne aux produits du terroir. Il est préparé avec soin, roulé à la main, et servi avec des feuilles de laitue, pour « éviter les maux d’estomac », comme le veut la tradition.
Le Festival de Mayou ne se limite pas à la gastronomie ou aux rites. Il s’inscrit dans une stratégie plus large de valorisation du tourisme intérieur et de promotion de l’artisanat local. À La Kasbah du Kef, les stands d’artisanat rivalisent de beauté : poterie, broderie, objets faits main, produits du terroir… Un véritable trésor vivant s’y expose.
Le ministre du Tourisme a profité de l’événement pour annoncer la création prochaine d’une zone touristique de 30 hectares au Kef. Une initiative qui vise à accroître la capacité d’accueil de la région, et à encourager les projets à haute valeur ajoutée. L’objectif est clair : faire du Kef une destination clé du tourisme alternatif et durable.
Les jeunes sont également invités à s’investir grâce aux mécanismes de financement et d’accompagnement disponibles. L’expérience des sociétés communautaires a montré que ce modèle peut réussir, à condition de soutenir les dynamiques locales et de respecter les spécificités régionales.
Le Kef a tout pour plaire : un héritage culturel riche, une nature généreuse, et surtout, une âme authentique qui se dévoile pleinement lors du Festival de Mayou. Un événement qui réconcilie tradition et modernité, et qui montre que le tourisme peut être, lui aussi, un acte d’amour pour notre mémoire collective.