Toutes les œuvres ont été mises en scène et photographiées par Yoann Cimier et compilées dans un livre d’art présentant les spécificités de chaque pièce qui est unique.
Préface du livre « Les tortues de l’atelier Driba 93 »
Entre 2017 et 2019, Mohamed Messaoudi – fondateur et tête pensante ultra créative de l’atelier Driba 93, s’est mis à la récupération. Non pas poussé par une quelconque mode d’urgence environnementale – l’idée de faire du neuf avec du vieux étant son crédo - mais plutôt par un désir de préservation du patrimoine, tout en respectant le fameux adage du cours de physique : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Et il s’est mis à tout récupérer : carreaux de céramique brisés, vieilles jarres ébréchées, anciens pots troués, morceaux de marbre cassés… Il a écumé les restes de son atelier, en a imaginé toutes les transformations et les a confiés à ses 30 artisans, aussi bien le céramiste que le tourneur de bois, le staffeur-ornementiste que le sculpteur de marbre ou le marteleur de cuivre. La démarche, assez inhabituelle, a débouché sur une collection originale et inédite de ce qui symbolise la longévité chez certaines civilisations, la lenteur chez d’autres : des tortues.
Cent et une tortues patiemment sculptées, façonnées, moulées, cuites, martelées pendant plus de deux ans. Cent et une tortues sorties du joyeux capharnaüm de cet atelier unique en son genre ; qui, depuis 1993 – date de sa création, s’efforce de réinventer le patrimoine décoratif tunisien tout en œuvrant à sa préservation. Cent et une tortues créées à partir de rien, ou de moins que rien : ce qui était destiné à encombrer des déchetteries déjà débordantes est devenu une collection unique de ce reptile à carapace sous ses plus belles formes, ses couleurs les plus folles et ses déclinaisons les plus inattendues. Cent et une tortues de toutes les dimensions, de toutes les matières, mais absolument exclusives : il n’y en a pas deux identiques.
Shootées par l’oeil de Yoann Cimier, agencées par l’esprit de Kaïs Dhifi, décrites sous la plume de Alya Hamza, mises en scène par le talent de Mohamed Messaoudi lui-même et présentées sous la houlette de Lilia Hadj Khélifa Ben Salem, les tortues de l’atelier Driba 93 symbolisent la quintessence de ce que ces artisans tunisiens sont encore capables de produire en matière de créativité, d’originalité, de précision, de technicité et de … beauté. En janvier 2020, elles ont fait l’objet d’une exposition dans les jardins de l’hôtel Dar El Jeld dans la Médina de Tunis.