Carthage dance 2021 : Danser au féminin !

Les Journées Chorégraphiques de Carthage font de la résistance en 2021 et célébreront le Corps Humain qui arbore la Dignité, la Citoyenneté, l’Identité et … la Vie.  

Carthage dance 2021 : Danser au féminin !

Les Journées Chorégraphiques de Carthage vous présente son nouveau thème : Danser au féminin !
 
MB10 de Oumaima Manai :
 
Le solo d’Oumaima Manai est une déflagration d’émotions : un voyage photographique et musical dans le temps, montré tel un récit, reflet d’un vécu intime, et d’histoires. Sur scène, l’artiste s’est faite accompagnée par Ahmed ben Abid. Sa musique a électrisé la foule, tout comme la scénographie conçue par Feteh Khiari. Que peut-elle exprimer concernant ce lien tumultueux intensément tracé sur scène et qui fusionne arts et pouvoir ? A travers son corps, Oumaima Manai s’en prend aux limites et aux barrières qui compartimentent des espaces temps et lieux et ponctuent son spectacle de messages symboliques, liés à la féminité, à la modernité, au traditionnel et même aux rêves.
 
« PAS…PAS » de Wafa Thebti :
 
Il s’agit d’un récit chorégraphique qui se veut plus intimiste et émouvant. Ce tableau est un hommage posthume à la figure paternelle de l’auteure de cette création, disparue depuis quelques années. « PAS … PAS » a été dévoilé tel un journal intime et retrace le deuil, l’attachement à l’être perdu, en fusionnant, danse, théâtre et cinéma. Le solo est autobiographique et vise à entretenir une mémoire individuelle toujours vive. « PAS… PAS », d’une durée de 35 min, évoque le rapport au père, mais aussi à soi, à l’autre, aux pères de substitution, et fait office d’arme de lutte contre les tourments de la vie. « PAS… PAS » revient sur la décrépitude de la vie, évoque la maladie, la détérioration de la santé, la mort… et la vie poursuivie après la mort.
 
Les captations et les enregistrements se poursuivent en amont du festival digital prévu du 5 au 12 juin 2021 sur le site officiel de Carthage Dance. Une programmation tunisienne fraiche et de qualité conçue en pleine pandémie.
 
Je ne suis pas blanche de “Cyrine Douss” :
 
Danseuse, tunisienne, française ou franco- tunisienne Cyrine Douss n ‘a eu de cesse d’explorer ses identités multiples qui ne font qu’une. A travers son nouveau solo « je ne suis pas blanche » elle pose sa voix singulière sur le récit universel du métissage et de la pluri -identité. Un récit intime, ou le corps est le réceptacle des paradoxes et le lieu de la réconciliation, de la résilience et la libération.
 
Tout en mouvement, en chants et en narration Cyrine Douss revient sur sa propre genèse : être femme, artiste et danseuse, née de la rencontre de deux étrangers, que l’amour unit de deux cultures interconnectées, de deux récits d’une même histoire et de deux civilisations que la mer réunit et sépare.
 
Le récit familial se mélange aux marqueurs identitaires, aux cartes postales d ‘un pays rêvé, ensoleillé et tolérant qu’est la Tunisie et de la violence de la réalité…
 
Après une danse orientale déstructurée, alliant volupté freinée et hésitation sciemment maladroite, sur une musique langoureuse d’Oum Kolthoum Cyrine prend la parole et raconte l’histoire familiale. L’immigration paternelle, la rencontre de ses parents’ amour, le rejet la xénophobie puis l’intégration… La voix maternelle prend le relais du récit et raconte le périple migratoire inversée d’une française en terre maghrébine, le choc culturel, la peur de l’exil..
 
Cyrine Douss chante, feuillette l’album familial et conte son histoire propre, faite de fractures et de réconciliations de double exil et de double appartenance. Elle chante pour sa mère une chanson de Fairouz rappelant que l’amour est une douce attente qui défie les différences, les saisons et les intempéries حبيتك بالصيف، حبيتك بالشتي
 
Cyrine Douss revisite le pays fantasmé, la carte postale de la douceur de vivre à la tunisienne. Mais sur l’écran projette le requit écrit de la réalité… La révolution, la libération de la parole les rêves et la désillusion, les corps empêchés, l’élan freiné le désespoir de la jeunesse.
 
Cyrine s’affirme dans le choix difficile et contrasté de « l’entre- deux « dentaire. Est-il possible de choisir entre soi et soi ? faut-il accepter la double discrimination ou s’amputer d’ une partie de son être ..Faut-il s’excuser pour un statut d privilégiée, qui n ‘est qu’un double exil?
 
Pour répondre à toutes ses questions Cyrine puise dans tout ce qui fait sa particulière tunisianité. Son corps citoyen est à lui seul un porte manifeste de binationalité et plus encore.
 
Cyrine enfile les couleurs nationales son corps danse la colère et la ferveur de la révolution inaboutie des jasmins. Avec les vers de Sghaier Ouled Hmed qu’elle récite elle rappelle que le nationalisme comme l’amour est inconditionné, libre et inconditionnel
 
نحب البلاد كما لا يحب البلاد أحد نحج إليها مع المفردين عند الصباح وبعد المساء ويوم الأ حد
 
Vibrante engagée Cyrine affirme  un paradoxe »Non je ne suis pas blanche » comme un ” hymne à la multi culturalité et aux mosaïques singulières des identités heureuses. Cyrine le clame de tout son corps : elle est « fille » de deux mers méditerranéenne et atlantiques, et en elle se mélangent toutes les couleurs de la terre et du ciel et de l’arc en ciel.
 
La musique de Benjemy et la voix maternelle complètent le récit de cette identité réconciliée : Cyrine est née de l’étreinte entre deux cultures, deux mères (sa mère accueillie par sa grand-mère paternelle) , deux terres remplies d’amour et de générosité.
 
Conception et interprétation : Cyrine Douss (2021)
Dramaturgie : Diane Fourdrignier
Création musicale : Benjemy
Création lumières : Jérôme Bertin
Durée : 30min