Dar Sebastian à Hammamet

Dar Sebastian ou Villa Sebastian est un domaine qui comprend des résidences, des jardins et un parc arboré en front de mer. Réalisée dans les années 20 par Gheorge Sebastian, mécène roumain et conçue pour recevoir de nombreux hôtes, Dar Sebastian est vite devenue un lieu cosmopolite de rencontres d’artistes, d’intellectuels et de personnalités de tous horizons.

Dar Sebastian à Hammamet

De 1932 à 1962, Giacometti, Schiaparelli, Paul Klee, André Gide, entre autres, se succèdent dans ce qui est devenu un chef d'oeuvre de l'art architectural hammametois. Pendant la guerre elle abrite le Maréchal Rommel qui la réquisitionne pour y vivre le "crépuscule de son rêve africain" et qui cède la place, ironie de l'histoire, à Winston Churchill qui y rédige une partie de ses mémoires.

 Les travaux de la maison, que l'on doit à Vincenzo Decara, ont duré trois ans et ont fait l'objet de plusieurs réfections au point que l'adage "construire et démolir comme Sebastian" circulait à Hammamet. C'est Jean-Michel Franck qui signera le design du mobilier de la villa. Six ans après l’indépendance, en 1962, le domaine est vendu à l’Etat tunisien qui y crée le centre culturel.

C'est la fondation Gulbenkian qui finance, en 1964, le théâtre de plein air qu'on doit à l'architecte Paul Chemetov, au maître d'oeuvre Armand Meppiel et à son équipe tunisienne. Depuis 1999, la villa et le parc sont inscrits sur la liste du Patrimoine Classé. Le Centre Culturel International de Hammamet est membre du Réseau International des Centres Culturels de rencontre, qui compte près de 40 centres actifs dans le monde.

C’est en s’immergeant dans les jardins de Dar Sebastian tout en connaissant un peu ce personnage atypique que l’on ressent la manière dont il a conçu cet espace.
Sebastian a été attentif au système des vergers et l’a introduit dans ses jardins comme espace à part entière. On parle de jardins au pluriel car c’est la multiplicité d’ambiances qui marque le visiteur qui déambule d’un jardin à un autre, traversant des frontières invisibles marquées par un chemin sinueux, le tracé blanc d’un muret ou un arbre atypique qui attire le regard et amène à emprunter un autre sentier. Un autre élément reste singulier aux jardins de Dar sebastian, ce sont ces escaliers qui  ne mènent nulle part dans les jardins, comme si on invitait le visiteur à se perdre et à déambuler librement dans les jardins. Enfin, Sebastian initie le visiteur au paysage de la mer, type de paysage qui, a son époque, n’était pas commun.


Sébastian a contribué à inventer un autre rapport à la mer, désormais espace de villégiature.
Sebastian a usé de tout son art pour faire de la mer un élément à deviner et à chercher derrière la végétation, comme si la plage devait se mériter. L’ensemble de ces ressentis est marqué intentionnellement par l’absence de signalétiques et fait inconsciemment appel à l’intuition du visiteur pour s’orienter parmi les différents espaces. Ce jeu d’intuition : deviner où est la mer ?, d’où vient l’eau d’irrigation ?, qu’y a-t-il derrière ce sentier ?, où mène cet escalier dans la végétation ?, où se trouve la maison ?… Autant d’éléments mis en scène par Sebastian et qui font partie intégrante de l’esprit du lieu.