Un essai sur le changement climatique en Afrique du Nord :comment transformer les menaces en opportunités ?
sadok BEN AMMAR : Les Lettres du Sahara
Et si nous avions été tellement habitués à focaliser notre attention sur les problèmes que nous en sommes arrivés à négliger les solutions ?
Les prévisions internationales en matière de climat pointent le défi des limites physiques de la croissance des ressources en eau, en nourriture et en services de santé publique des pays d’Afrique du Nord et du Sahel au cours des prochaines années.
Après avoir exposé de manière documentée les projections climatiques pour la région, le livre met en garde contre le danger de fractionner les thèmes de l’eau, de l’énergie, des migrations, de la sécurité et de l’économie au lieu de les considérer comme un ensemble aux interdépendances fortes.
Le caractère systémique du changement climatique exige une réponse capable de répondre de manière simultanée à l’ensemble des sujets dans le cadre d’un plan régional fédérateur.
En poursuivant les politiques parcellaires actuelles, le risque encouru par chaque pays sera de vivre dans l’illusion de défendre ses intérêts, car la région, incluant les pays d’Europe du Sud, forme en réalité un même ensemble aux intérêts convergents : ensemble, ces pays pourront relever les défis des migrations, de l’énergie et de la sécurité, ou bien ensemble ils vivront des situations de tensions croissantes dans l’avenir.
En partant des potentiels physiques de la région, l’écrit nous montre que des solutions existent pour dépasser les limites actuelles des ressources.
Les eaux souterraines du Sahara, dont l’essentiel se trouve au nord du continent africain, figurent parmi les plus importants stocks d’eau douce de la planète. Le niveau d’ensoleillement, l’étendue et la faible densité de population font du Sahara l’un des meilleurs endroits au monde pour produire de l’énergie renouvelable.
Grâce à l’eau disponible dans les nappes profondes et à la magie du désert où tout pousse, cibler la sécurité alimentaire de la région et la transition énergétique de la région et de l’Europe réunies devient possible.
La poussée migratoire africaine n’est pas une fatalité : elle est la conséquence des limites d’une organisation dysfonctionnelle. Cet écrit présente le concept de « village vert » en tant que moteur de mise en valeur des territoires arides et vecteurs d’un partenariat énergétique entre l’Afrique et l’Europe autour de la réciprocité suivante : engagement d’achat par l’Europe des surplus en énergie renouvelable produits par des « villages verts » établis en zone aride pour offrir des perspectives de vie à la jeunesse qui, en échange, ne sera plus tentée par l’immigration.
Pour offrir un meilleur avenir à leur population et éviter des tensions politiques importantes à leurs frontières Sud et en Méditerranée, les pays d’Afrique du Nord ont tout intérêt à s’organiser pour prendre les devants, devenir les artisans d’un plan régional audacieux et les ardents défenseurs de son élargissement en programme international pour l’Afrique.
Pour concrétiser la vision, l’ouvrage conçoit un modèle économique novateur avec une organisation pilote entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye dotée d’une « Agence régionale de l’eau », hébergeant un « Hub technologique de l’agriculture » en soutien des « villages verts » pilotes.
Ce recueil de lettres adressées principalement à la jeunesse des pays d’Afrique du Nord, du Sahel et de la Méditerranée, combine littérature, statistiques, et aménagement du territoire.
Il appelle à une rapide prise de conscience pour se dégager du cadre actuel dont nous sommes sûrs de tous sortir perdants à l’horizon des dix à vingt prochaines années si l’on ne trouve pas le courage de bousculer certaines règles.
