Mohamed El Aziz Ben Achour nous plonge dans La Médina, au temps des Pachas Beys

Invité dans Art de Vivre, l’historien et écrivain Mohamed El Aziz Ben Achour a présenté son nouvel ouvrage publié chez Leaders : « La Médina au temps des Pachas Beys »

Mohamed El Aziz Ben Achour nous plonge dans La Médina, au temps des Pachas Beys

Docteur en civilisation islamique, docteur d’État en lettres et sciences humaines, ancien ministre de la Culture puis directeur général de l’ALECSO, Ben Achour offre dans ce livre une plongée magistrale au cœur de la Médina de Tunis, de son architecture, de son histoire et de ses sociétés.

Redonner sens à un patrimoine que l’on croit connaître
La thématique de ce livre s’est imposée d’elle-même. Pour son auteur, nombreux sont ceux qui arpentent la Médina, admirent ses ruelles, ses souks et ses façades… mais repartent sans en comprendre l’âme profonde. On voit l’extérieur : les rues, les échoppes, les portes closes. Mais que se passe-t-il derrière ces murs ? C’est à cette question que répond l’ouvrage.

Ben Achour révèle l’intérieur des demeures – leur structure architecturale, leurs usages, ainsi que la vie qui s’y déroulait. Il présente plusieurs maisons emblématiques : Dar El Bey, Dar Bou Attour, Dar Ben Achour, Dar Abdelwahab, Dar Jalouli et la somptueuse Dar Hussein, joyau de l’architecture arabo-musulmane.

Des maisons… mais aussi des institutions
L’auteur ne s’arrête pas aux habitations. Il explore également les grands repères architecturaux et sociaux de la Médina : les medressas, les qechlas (anciennes casernes militaires), les mausolées et tourbas – dont Tourbet El Bey – ainsi que Dar El Bey à la Kasbah, aujourd’hui siège du gouvernement.

Ces lieux témoignent du rôle politique, éducatif et spirituel que la Médina a joué pendant des siècles.

La Médina : un tissu urbain pensé et hiérarchisé
Ben Achour rappelle que la Médina s’est développée autour de Jemâa Ezzitouna, véritable cœur religieux, économique et social. Autour de ce centre se déployaient les souks spécialisés, les quartiers résidentiels comme Houmet Tourbet El Bey ou Houmet Nahj El Bacha, ainsi que les faubourgs historiques, Bab Souika et Bab El Jazira.

Ce tissu, dense et organique, reflétait aussi les hiérarchies sociales : grandes familles, artisans de prestige, commerçants, puis groupes venus d’autres régions du pays ou du Maghreb, chacun avec ses métiers et ses traditions.

Une société sophistiquée et structurée
Le livre revient sur les corps de métiers prestigieux (chawachiya, hrayria, attarine…), le rôle des Amin et du Sheikh El Medina, ainsi que les pratiques sociales : solidarité, voisinage, mariages et alliances familiales. Ces traditions ont façonné la culture urbaine de Tunis.

Crises et transformations
Ben Achour explique comment, au XIXᵉ siècle, l’économie de la Médina a été bouleversée par l’arrivée des produits européens. La chéchia tunisienne, autrefois référence du bassin méditerranéen, a subi la concurrence de modèles importés, moins chers. Beaucoup d’échoppes ont fermé, entraînant un déclin économique qui a forcé les familles “baldiya” à s’adapter.

Un voyage érudit et sensible
À travers cet ouvrage, Mohamed El Aziz Ben Achour invite le lecteur à voir la Médina autrement : non pas comme un décor, mais comme un organisme vivant, riche de ses maisons, de ses marchés, de ses métiers et de ses habitants. Un patrimoine matériel et immatériel dont l’histoire éclaire encore aujourd’hui la culture tunisienne.

« La Médina au temps des Pachas Beys » est ainsi une véritable traversée du temps, érudite et profondément attachée à ce lieu qui continue de fasciner, d’inspirer et d’émouvoir.