En photos : Le crabe bleu, prédateur redoutable devenu proie prisée

Les pêcheurs du sud tunisien ont surnommé ce redoutable prédateur marin "Daech", en référence à l'acronyme arabe du groupe Etat islamique.

En photos : Le crabe bleu, prédateur redoutable devenu proie prisée

Désormais, le crabe bleu est à son tour en train de devenir une proie. Présente notamment dans l'océan Indien, le Pacifique et la mer Rouge, cette étrille aux pattes bleutées est apparue fin 2014 dans le golfe de Gabès (sud-est) et a rapidement proliféré, ayant trouvé sur ce littoral un environnement favorable et une nourriture abondante - seiches, chevrettes ou poissons fins.

La voracité de cette espèce invasive a exacerbé les difficultés économiques de bien des pêcheurs. Ces crabes sont "rapidement devenus une malédiction (...). Ils dévorent les bons poissons", daurade, loup, rouget et cisaillent les filets, explique Jamel, entouré par ses fils et neveux qui l'aident à extraire des filets les crabes aux redoutables pointes.

"Le crabe +Daech+ est très malin, il fait bien le tri entre les poissons avant de les dévorer et, s'il en reste dans les filets, il les coupe avec ses pinces", dit-il.

Le crabe abîme les filets et, à cause de lui, les pêcheurs craignent aussi pour leurs doigts: s'ils sont blessés, ils ne pourront plus travailler, parfois pendant plusieurs semaines d'affilée.

En 2017, l'Etat tunisien a lancé un plan pour exploiter et valoriser le redoutable crustacé. Des pêcheurs ont été formés pour attraper ce crabe et le ministère subventionne le prix d'achat: pour un kilo pêché et vendu en moyenne 1,8 dinar (55 centimes d'euro), l'État verse 600 à 800 millimes supplémentaires (entre 18 et 24 centimes d'euro).

Une usine s'est installée en 2017 à Zarzis, près de Djerba, qui produit du crabe congelé destiné à l'export, notamment vers l'Asie et le Golfe.

C'est un groupe turc expérimenté qui la gère: la Turquie avait connu une situation similaire - depuis, les pêcheurs turcs ont épuisé leurs ressources naturelles de crabes.

Des camionnettes frigorifiées collectent les crabes pêchés dans les quelques ports environnants et déchargent leur cargaison chaque après-midi.

Mâles et femelles sont triés: certains clients préfèrent les mâles, aux pinces bleues et dont la chair serait meilleure, selon certains pêcheurs de la zone.

La Tunisie a produit 1.450 tonnes de crabe bleu sur les sept premiers mois de 2018, selon le ministère de l'Agriculture, pour une valeur de neuf millions de dinars (environ trois millions euros).

Texte : AFP / Crédits photos : FATHI NASRI