Quand Le Monde écrit : Les maisons d'hôtes, une nouvelle façon de découvrir la Tunisie

La journaliste Vicky Chahine du journal Le Monde a publié un article sur les maisons d’hôtes, ou la nouvelle façon de découvrir la Tunisie.

Quand Le Monde écrit : Les maisons d'hôtes, une nouvelle façon de découvrir la Tunisie

Dans la médina de Tunis, tout commence par une porte. Elle peut être bleue, noire, à motifs cloutés, à angles droits, arrondis… Celle du Dar Ben Gacem, une maison du XVIIe siècle, est en bois sombre discrètement sculpté et surmontée de fer forgé. Difficile depuis la ruelle de deviner, derrière, l’étroit couloir qui conduit au patio où un couple de touristes prend son petit déjeuner, entre le carrelage andalou d’origine et les colonnes en pierre de Carthage. Ouverte en 2013, cette maison d’hôtes est emblématique du vent nouveau qui souffle sur l’industrie touristique en Tunisie.

« La Tunisie est le phare du “printemps arabe”. C’est moins sophistiqué que le Maroc, mais il existe des hébergements raffinés, simples et de très bon goût », estime Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du monde, seule agence française à miser sur une Tunisie plus authentique.

« Avant la révolution de 2011, le gouvernement préférait que les touristes restent dans les hôtels pour éviter qu’ils ne nous mettent dans la tête des idées de démocratie, estime Leila Ben Gacem. Aujourd’hui, nous sommes enfin libres de créer des lieux hors du circuit balnéaire, comme ma maison d’hôtes, qui s’appuie sur le patrimoine tunisien, encore sous-estimé. »

Elle n’est pas la seule sur le créneau. À Nabeul, à une heure de route vers le sud, les quatre chambres de Dar Sabri tablent aussi sur le savoir-faire local : linge de lit minutieusement brodé par les femmes de la ville, tapis kilims au sol et couvertures réalisées par un tisserand qui a travaillé chez Hermès.

« Ces hébergements de charme attirent des touristes curieux, différents des amateurs de farniente et de plages », affirme son fondateur Sabri Oueslati. Ce Belgo-Tunisien préside Edhiafa, une association spécialisée dans les hébergements « alternatifs » qui planche actuellement sur la création d’une charte de qualité.

« Avec un peu de retard commencent à apparaître de petites structures indépendantes portées par une vision contemporaine de l’hôtellerie. » Patrick Elouarghi, propriétaire du Dar Hi

Il fait partie de cette vague d’entrepreneurs qui, nourris de leurs expériences à l’étranger, imaginent des projets loin des clichés des barres d’hôtels en béton, de la babouche à pompons et du chameau en peluche.

« En me penchant sur l’histoire de la Tunisie, j’ai découvert que Diana Vreeland [grande figure de la mode, notamment rédactrice en chef de Harper’s Bazaar] y allait dans les années 1930 pour réaliser des séries de mode. Le Corbusier y avait aussi construit son seul projet en Afrique, la villa Baizeau », raconte avec passion le Parisien Saif Mahdhi, tunisien d’origine.

Le président Europe de Next, l’une des plus grandes agences de mannequins et de « talents », cherche à faire évoluer l’image du pays. « J’en parle aux photographes pour les inciter à venir shooter ici, aux artistes que je représente pour créer des ponts avec leurs confrères tunisiens. À chaque fois que j’y vais, je poste sur mon compte Instagram [24 000 followers] des images différentes des campagnes obsolètes de l’office de tourisme. »