Fakhri El Ghezal revient au 32bis avec une exposition bouleversante intitulée « Returns », visible jusqu’au 28 juin 2025.
Fakhri El Ghezal revient au 32bis avec une exposition bouleversante intitulée « Returns », visible jusqu’au 28 juin 2025.
À travers une série de photographies argentiques en noir et blanc, l’artiste tunisien explore le thème du chemin du retour non pas comme un repli, mais comme un territoire poétique et fraternel. Un voyage intérieur et collectif, où chaque image devient une empreinte de mémoire, un éclat de lumière, un geste d’amour.
Plus qu’un photographe, Fakhri El Ghezal est un artisan de l’intime. Né à Akouda, il mêle photographie, cinéma, peinture et dessin pour sonder les liens invisibles qui nous rattachent aux autres. Avec « Returns », il suit ses amis dans leur retour aux villages d’origine — El Fahs, Zriba, El Alia, Douar Chénenfa, Dzéria, Sidi Bou Gabrine, Thuburbo Majus — sans jamais chercher à les mettre en scène. Le photographe reste hors champ, il accompagne, il partage.
Chaque cliché devient un fragment d’âme, un miroir de l’autre, de son monde, de ses souvenirs. Ce ne sont pas des paysages, mais des territoires affectifs. Une lumière qui frôle une montagne, une mosquée voisine d’une église oubliée, un verre de thé, un ballon d’enfant ou une poupée oubliée racontent bien plus qu’ils ne montrent. Le spectateur est invité à compléter le récit, à ressentir ce qui n’est pas dit.
Le choix du noir et blanc n’est pas esthétique. Il souligne la rugosité, la densité, l’imperfection du réel. L’image devient presque un négatif émotionnel, fait de contrastes, de flous, de surexpositions. Un travail de la lumière qui révèle les absences, les silences, les ruptures. C’est un voyage visuel où chaque fragment est autonome, mais relié à un tout plus grand : la fraternité.
Dans cette série, Fakhri El Ghezal ne retourne pas à Akouda, son village natal. Il s’efface pour mieux entrer dans l’intimité des autres. Son « retour » devient celui de ses amis. Il adopte leurs lieux, leurs souvenirs, leurs douleurs. Le photographe n’appartient plus à une géographie, mais à un paysage émotionnel. Il trace un territoire de passage, fait d’accueil, d’errance et de résonance.
« Returns » est un acte de fraternité visuelle. Un hommage aux liens invisibles, aux gestes discrets, à la tendresse partagée. C’est un retour vers l’essentiel : l’autre, l’origine, l’humain. L’exposition est à découvrir au 32bis à Tunis jusqu’au 28 juin 2025 — un rendez-vous immanquable pour les amateurs de photographie contemporaine et de récits incarnés.